Confesseur, Confession 1. Dans le style de l’Église, on donne le nom de confesseurs à ceux qui ont confessé le nom de Jésus-Christ devant les juges, ou qui ont souffert quelque peine pour la défense de la foi. S’ils donnaient leur vie dans les tourments, on les nommait martyrs. Jésus-Christ dit qu’il confessera devant son Père céleste, celui qui l’aura généreusement confessé devant les hommes Matthieu ; et saint Paul 1 Timothée loue Timothée d’avoir confessé une bonne confession, c’est-à -dire d’avoir, au péril de sa vie, rendu un illustre témoignage à la vérité. Le même apôtre dit que Jésus-Christ a rendu une bonne confession devant Ponce Pilate 1 Timothée Dans l’Ancien Testament, nous trouvons deux sortes de confessions la confession de louanges et la confession des péchés. Rien n’est plus ordinaire, dans l’Écriture, que ces mots Confitemini Domino ; confitebor Domino, etc., c’est-à -dire Louez le Seigneur ; je louerai le Seigneur. Les Israélites avaient aussi la confession des péchés., tant en public qu’en particulier ; ils confessaient leurs péchés au Seigneur, et ils les confessaient aux prêtres. Dans la cérémonie de l’Expiation solennelle, le grand-prêtre confessait en général ses péchés, ceux des autres ministres du temple Lévitique et ceux de tout le peuple Lévitique ; et dans toutes les autres occasions, lorsqu’un Israélite venait offrir une victime pour le péché, il mettait les mains sur la tête de l’hostie, et confessait ses fautes Lévitique Il y a des interprètes qui croient qu’il ne suffisait pas qu’il se déclarât pécheur en général, mais qu’il fallait confesser en particulier le péché pour lequel il offrait ce sacrifice. On assure que les Juifs pratiquent encore à présent la confession particulière de leurs péchés, le jour de l’Expiation solennelle, nommée parmi eux Cippur. On donne le nom de confession, à la déclaration publique ou particulière que l’on fait de ses péchés à un ministre qui a le pouvoir d’absoudre, pour en recevoir la pénitence et l’absolution. Saint Matthieu Matthieu dit que les Juifs venaient de toutes parts trouver Jean-Baptiste, pour confesser leurs péchés et recevoir le baptême ; saint Jacques Jacques veut que nous confessions nos péchés les uns aux autres, afin que nous soyons sauvés ; et saint Jean 1 Jean dit que si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste, et nous remettra nos fautes. La confession que saint Jean-Baptiste exigeait de ceux qui s’approchaient de son baptême, n’était pas seulement une déclaration générale, par laquelle ils se reconnaissaient pécheurs, ou une confession vague des fautes qu’ils avaient commises par pensées, par œuvres et par omission ; c’était une déclaration distincte et particularisée des fautes qu’ils avaient pu commettre contre la loi, semblable à celle que les Hébreux faisaient en mettant leur main sur la tête des victimes qu’ils offraient pour le péché. Et le baptême de Jean ne remettait pas réellement les péchés ainsi confessés il en promettait seulement le pardon qu’ils recevraient dans le baptême de Jésus-Christ. Il ne se contentait pas même de cette confession et de la douleur intérieure qui devait l’accompagner ; il demandait de dignes fruits de pénitence Matthieu On voit dans les Actes des apôtres Actes que les gentils qui se convertissaient, venaient confesser leurs péchés aux pieds des apôtres. Les Juifs d’aujourd’hui se confessent à -peu-près comme nous au lit de la mort. Les plus ignorants ont une formule générale de confession qu’ils récitent ; les autres expriment leurs péchés en particulier. Au commencement de l’année ils confessent aussi leurs péchés, étant dans une cuve pleine d’eau leur formule de confession a vingt-deux mots, autant qu’il y a de lettres dans l’alphabet, et à chaque fois qu’ils prononcent une parole de la confession, un homme qui est présent leur enfonce la tête dans l’eau, et le pénitent se frappe la poitrine avec la main droite. Le jour de l’Expiation solennelle, voici de quelle manière ils se confessent deux Juifs se retirent dans un coin de la synagogue ; l’un s’incline profondément devant l’autre, ayant le visage tourné vers le nord ; celui qui fait l’office de confesseur, frappe trente-neuf coups d’une lanière de cuir sur le dos du pénitent, en récitant ces mots Psaumes Dieu qui est miséricordieux condamne l’iniquité, mais il n’extermine pas le pécheur ; il a détourné sa colère, et n’a pas allumé toute sa fureur et comme il n’y a que treize mots dans ce verset récité en hébreu, il le répète trois fois, et frappe un coup à chaque mot ; ce qui fait trente-neuf mots, et autant de coups de lanière. Pendant ce temps, le pénitent déclare ses péchés et se frappe la poitrine à chaque péché qu’il confesse. Après cela celui qui a fait l’office de confesseur se prosterne par terre et reçoit à son tour trent-neuf coups de fouet de son pénitent. Grotius écrivant sur saint Matthieu, s’explique sur la confession particulier d’une manière remarquable Quant à la ques Lion, dit-il, forme entre les savants savoir si ans les passages des Nombres et du Lévitique, où il est parlé de la confession, il s’agit d’une simple confession de l’homme à Dieu, ou si l’homme devait déclarer ses péchés aux prêtres, je tiens pour très-probable l’opinion de ceux qui veulent que l’on ait fait une confession particulière de ses péchés aux prêtres, dans les cas qui n’emportaient pas peine de mort contre les coupables ; car, dans les autres cas, il suffisait de s’accuser en général ; et il est très-croyable que la même chose s’observait encore avec plus de piété et de confianr par ceux qui venaient à Jean-Baptiste, qui était prêtre et prophète, et d’ailleurs d’une fidélité reconnue. [Sur l’importante question de la confession, dont l’usage remonte à la chute de nos premiers parents, et qui fut mieux réglé par Jésus-Christ, Voyez le Traité de la Confession, sa divinité et ses avantages prouvés par les faits, par M. Guillois, curé au Mans. Voyez aussi le Cours d’introduction à l’étude des vérités chrétiennes, par M. l’abbé Gerbet, 3e et 6e leçons, dans l’Université catholique, tome 1836. d’après M. Drach, Observations sur une de ces leçons de M. Gerbet, Rome, 1836, les Juifs n’ont jamais connu qu’une confession générale, qui pouvait même se faire par délégation].
Parsouci d’équité entre les différentes confessions, Kippour et l’Aïd-El-Kébir ont été intégrés dans le compte des jours fériés en France, et font désormais partie des jours de congé officiels de la république comme le demandait notamment le think tank Terra nova. La fête de l’Aïd commémore le sacrifice d’Abraham pour les musulmans, et celle de Kippour, le jourMarc-Alain Wolf est psychiatre à l'Institut Douglas et professeur au Département de psychiatrie de l'Université McGill. Il s'intéresse particulièrement au judaïsme, sa religion, et au pardon. Il a publié plusieurs livres, notamment un sur le mysticisme juif et un autre où il propose une lecture psychologique de la Bible. Il a aussi écrit un roman intitulé Kippour, publié en 2006 aux Éditions Triptyque. Éléments d'introduction D'entrée de jeu, Marc-Alain Wolf souligne que le pardon dans le judaïsme prend ses origines dans la Bible. La fête de Kippour, qui est la fête du pardon, le célèbre comme il est écrit dans le Lévitique En ce jour, Dieu vous accordera le pardon afin de vous purifier. » Aujourd'hui, la prière dans les synagogues lors de cette fête commence ainsi Oui, j'en prends la résolution, je pardonne à ceux qui m'ont causé du tort, qu'ils l'aient fait sous la contrainte ou de plein gré, par inadvertance ou délibérément, qu'ils m'aient nui par leurs propos ou par leurs actes, à tous, quels qu'ils soient, je pardonne. Que personne ne subisse Ta rigueur à cause de moi. » Il y a dans le judaïsme, comme le relève ce panéliste, deux aspects indissociables qu'il faut toujours considérer l'aspect individuel et l'aspect communautaire. Ainsi, le pardon accordé au cours de la fête de Kippour est à la fois personnel et collectif. Pour faire l'expérience des deux types de pardon, l'individu doit répondre à deux obligations pour obtenir le pardon individuel, il doit se repentir, reconnaître ses péchés, ressentir du regret, vouloir changer; pour pouvoir partager le pardon collectif, il doit se sentir lié à la communauté, et plus ce lien est fort, plus l'absolution obtenue par la médiation de la communauté est importante. La question du pardon est double il y a le pardon que l'on cherche à obtenir, puis celui que l'on donne. Dans le judaïsme, affirme Marc-Alain Wolf, on insiste beaucoup sur le pardon que l'on demande, et moins sur celui que l'on donne. On insiste sur le repentir, la transformation de soi, sur ce qui est appelé en hébreu la techouva. Le pardon est donc un cheminement, il faut s'engager pleinement dans le pardon. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas d'hommes dans la religion juive dont le rôle est d'accorder le pardon, du moins de nos jours, car à l'époque biblique, le prêtre pouvait donner une parole de pardon » qui se résumait à ces quelques mots Tu es pur, tu peux revenir dans la communauté. » Ces mots prononcés par le prêtre suffisaient alors pour être pardonné. Il y a aussi dans les rituels qui entourent la mort, une place qui est faite au pardon et qui souligne l'importance qui lui est accordée dans le judaïsme. Les proches entourant le mourant doivent lui pardonner, mais aussi l'aider à demander pardon à Dieu. Et plus tard, lorsque le mort est dans son cercueil, chacun doit, à tour de rôle, s'approcher et lui demander pardon. Comment distinguer les fautes à l'égard de Dieu des fautes à l'égard de l'homme? De prime abord, cette distinction semble assez simple tout ce qui porte préjudice matériel ou moral à mon prochain, de même que toute offense verbale qui lui est faite, constituent une faute à l'égard de l'homme; les transgressions des interdits et des commandements rituels, l'idolâtrie et le désespoir appartiennent aux fautes commises à l'égard de l'Éternel. Ne pas respecter le Sabbat et les lois alimentaires, ou encore ne pas croire dans le triomphe du bien et ne rien placer au-dessus de l'argent et même de l'art constituent des offenses à Dieu, des fautes qu'efface le Jour du Pardon si l'individu se repent. Moïse Maïmonide 1138-1204 sur le pardon Une fois données les grandes lignes de la conception juive du pardon, le psychiatre Marc-Alain Wolf s'attarde aux propos de Moïse Maïmonide sur cette question afin de l'approfondir davantage. Médecin, philosophe, Maïmonide est un personnage majeur du judaïsme. Il est reconnu pour avoir étudié toute la tradition orale juive afin de fixer les règles de la pratique de cette religion. Encore aujourd'hui, ses écrits dans ce domaine forment le socle de la loi rabbinique. Maïmonide rappelle que tous ceux qui, par leurs actes, méritent d'être condamnés à mort ou encore à la flagellation par le Grand Tribunal, ne seront pardonnés ni par la mort, ni par la flagellation, mais bien par la contrition et le repentir. Maïmonide souligne ainsi toute l'importance de la repentance, de la techouva; on ne pardonne qu'à ceux qui en manifestent sincèrement le souhait et qui réparent leurs torts. Le repentir permet le pardon de presque tous les péchés. D'ailleurs, il est interdit de rappeler la méchanceté d'un méchant qui, à la fin de son existence, s'est repenti. Maïmonide rappelle que la tradition juive ne repose pas seulement sur la Bible; elle repose aussi sur la tradition orale consignée dans le Talmud. Il est intéressant de noter que dans le Pentateuque, soit les cinq livres de Moïse, il est bien écrit que l'on doit pardonner lors du jour de Kippour, mais le devoir de se repentir n'est quant à lui inscrit nulle part. Cette condition du pardon a donc été introduite par la tradition orale. Maïmonide propose aussi une démarche pour ceux qui ont péché contre autrui et qui désirent obtenir le pardon. Pour cet auteur du Moyen Âge, quelqu'un qui a blessé ou volé son ami ne sera pas pardonné tant qu'il n'aura pas rendu à son ami ce qu'il lui doit et tant que ce dernier ne lui aura pas pardonné. Et même si le fautif n'a fait que maltraiter son ami par la parole, il doit quand même aller lui demander son pardon et essayer de le toucher. Si son ami refuse de lui pardonner, il doit alors lui envoyer trois hommes qui sont capables de demander le pardon à sa place. Si le pardon est toujours refusé, le fautif doit à nouveau envoyer trois hommes, puis encore trois autres advenant un autre refus. Si le pardon est refusé pour une troisième fois, le fautif cesse alors de le demander, car par ce nouveau refus, l'offensé s'est lui-même installé dans la position du pécheur. Sur la dimension collective du pardon, Maïmonide rappelle que le sacrifice du bouc lors de la fête de Kippour, soit le bouc émissaire qui était chargé des péchés d'Israël par le Grand Prêtre à l'époque du Temple, permet le pardon de tout le peuple juif, par opposition au rituel particulier, au pardon individuel que les fautifs doivent obtenir auprès de la personne lésée. Ce sacrifice devait permettre le pardon de tous les péchés de la Torah, qu'ils soient graves ou légers, conscients ou inconscients, mais ceci, précise Maïmonide, à condition que le peuple se repentisse. Emmanuel Lévinas 1906-1995 sur le pardon Emmanuel Lévinas, est un philosophe français d'origine lituanienne qui fut l'élève d'Husserl et de Heidegger et qui a notamment écrit sur le Talmud. Lévinas a produit au début des années 1960 une lecture talmudique sur la question du pardon qui fut publiée aux Éditions de Minuit dans le livre Quatre lectures talmudiques et dont le panéliste a exposé les grandes lignes. Les fautes de l'homme envers Dieu sont pardonnées lors du Jour du Pardon; les fautes de l'homme envers autrui ne lui sont pas pardonnées lors du Jour du Pardon, à moins que, au préalable, il n'ait apaisé autrui… » Lévinas débute sa lecture par cette citation du Talmud sur le pardon, pour ensuite en donner son interprétation. Selon Lévinas, le Jour du Pardon ne permet pas d'obtenir le pardon pour les fautes commises envers Dieu de façon magique, le Jour du Pardon n'apporte pas le pardon par sa vertu propre; il ne peut être séparé de la contrition, de la pénitence, de l'abstinence, de jeûnes, bref, d'un engagement intérieur. Cet engagement intérieur passe aussi par la prière, prière collective ou rituelle, donc par des formes objectives, extérieures, comme l'étaient les sacrifices pratiqués à l'époque du Temple; il y a interdépendance de l'intérieur et de l'extérieur. Selon ces enseignements de la tradition orale juive, mes fautes commises à l'égard de l'Éternel seront donc pardonnées le jour de Kippour si je m'engage intérieurement et extérieurement à changer, si je m'engage pour le Mieux. On pourrait donc dire, remarque Lévinas, que mes fautes à l'égard de Dieu sont pardonnées sans que je dépende de Sa bonne volonté. Dieu est en un sens l'Autre par excellence, l'absolument Autre, et néanmoins, son pardon ne dépend que de moi l'instrument du pardon est entre mes mains. Par contre, dit Lévinas, le prochain, mon frère, l'homme, le petit autre » est, en un certain sens, plus autre que Dieu, car pour obtenir son pardon le Jour du Kippour, je dois au préalable obtenir qu'il s'apaise. Je dépends donc de cet autre qui pourrait désobéir à la tradition juive et me laisser à tout jamais impardonné. On pourrait s'en tenir là , dit Lévinas. On pourrait en conclure, un peu hâtivement, que le judaïsme place la moralité sociale plus haut que les pratiques rituelles. Cependant, le fait que le pardon des fautes rituelles, des fautes envers Dieu, ne dépendent que de la pénitence, et par conséquent exclusivement de moi, projette peut-être un jour nouveau sur la signification des pratiques religieuses dans le judaïsme. Peut-être que les maux qui doivent se guérir à l'intérieur de l'âme, sans le secours d'autrui, sont précisément les maux les plus profonds. La transgression rituelle, la faute envers Dieu, serait celle dont le pardon requiert toute ma personnalité, œuvre de techouva, de repentir, de retour, œuvre à laquelle personne ne peut se substituer. Être devant Dieu, affirme Lévinas, équivaudrait à une mobilisation totale de soi. La transgression rituelle me détruirait plus profondément que l'offense faite à autrui; qu'un mal exige une réparation de soi par soi, cela mesure la profondeur de la lésion. L'effort que fait la conscience morale pour se rétablir comme conscience morale, la techouva, relève à la fois de la relation avec Dieu et d'un événement absolument intérieur. Tu aimeras ton ennemi… Rivon Krygier 29/07/03 L’esprit de vengeance envers l’ennemi, avec pour corollaire l’incapacité à pardonner, a été comme on le sait un de ces mauvais procès que les théologiens chrétiens ont longtemps intenté à l’encontre du judaïsme. Encore trop souvent la ritournelle met en opposition le Dieu vengeur de l’Ancien Testament » au Dieu d’amour du Nouveau Testament ». Au point que certains juifs euxmêmes ont fini par en accepter le verdict. Il n’est pas jusqu’à Hanna Arendt qui ne déclare que La découverte du rôle du pardon dans le domaine des affaires humaines fut l'oeuvre de Jésus de Nazareth » 1. Notre propos n’est pas d’instruire à notre tour le procès de l’anti-judaïsme chrétien, ce que l’Église a entrepris d’elle-même avec grandeur depuis une cinquantaine d’années, mais de mettre en évidence certains enseignements bibliques, rabbiniques mais aussi chrétiens qui offrent un tableau considérablement nuancé de la question. Par la même occasion, les apologètes juifs verront sûrement certains préjugés à l’égard de l’éthique chrétienne se démentir. En quelle situation peut-on parler de vengeance et de la volonté de rendre la pareille à l’ennemi ou celui qui a porté préjudice ? Un solide présupposé traverse l’ensemble des sources juives la réparation requise par un individu lésé est considérée comme justice et non comme vengeance, au sens étroit et mesquin. La plainte et l’action menée en justice ou dans tout cadre approprié pour recouvrer ses droits sont parfaitement légitimes. Ce qui ne signifie nullement qu’une telle démarche soit forcément obligatoire. Renoncer à réclamer justice risque d’encourager le mal et de dissuader le fauteur de se repentir. Ainsi, certaines personnes en raison de leur charge éminente, dirigeants mais aussi Sages de la Tora, n’ont pas le droit de renoncer à leur dignité » en dédaignant la réparation car ce laxisme porterait préjudice au bon exercice de leur magistère. C’est qu’ils n’ont pas à défendre leur dignité personnelle seulement mais aussi celle de leur fonction. Il en va de même, face à l’agressivité d’un ennemi, où le moindre signe de faiblesse ou de mansuétude excessive risque d’être exploité sans scrupules par lui. Défendre son honneur, c’est accroître la dissuasion Celui qui se fait mouton, le loup le dévore Midrach Minha hadacha 42. Rabbi Yehouda enseigne au nom de Rav Pourquoi le roi Saül a-t-il été puni destitué ? Car il avait renoncé à sa dignité, ainsi qu’il est dit Mais lorsque Saül fut choisi comme roi des vauriens dirent Comment celui-là assurerait-il notre salut ?’’ Ils le méprisèrent et ne lui offrirent pas de présent. Mais lui s’y montra indifférent » I S 10,27. Et aussitôt Nahach [Serpent] l'Ammonite vint dresser son camp contre la ville de Yavèch en Galaad » I S 11,1. Rabbi Yohanan enseigne au nom de Rabbi Chimôn ben Yehotsadak Tout disciple des Sages qui ni ne se venge, ni ne porte rancune, comme un serpent, n’est pas digne d’être un disciple des Sages Yoma 22b-23a. La notion de vengeance se trouve aussi dans les écrits chrétiens Sans parler de vengeance au sens strict, divers textes rabbiniques autorisent dans des situations similaires – notamment, de danger – de faire montre de fermeté Celui qui vient avec l’intention de te tuer, lève-toi avant lui pour le tuer Berakhot 58a. Rabbi Eliezer enseigne Envers un homme dépourvu de discernement de conscience morale, il ne faut manifester aucun égard, ainsi qu’il est dit Or ce peuple est sans discernement, aussi son Créateur n'aura pas pitié de lui, Celui qui l'a modelé ne lui fera pas grâce » Is 27,11 Sanhédrin 92a. Dans la Bible, Dieu aussi Se venge », et même, un nombre incalculable de fois. Mais c’est en tant que justicier quand il s’agit de défendre des valeurs ainsi que les justes qui les appliquent. Suprême garant d’une juste rétribution, Il est si l’on peut dire de Son devoir de venger et de Se venger quand les chances de repentir sont épuisées. Les victimes en appellent alors à la vindicte divine, comme dans l’exemple suivant Jusqu’à quand, Éternel, garderas-Tu Ton irritation, Ta rancoeur brûlera-t-elle comme brûle le feu ? Déverse Ta colère contre les peuples qui ne T'ont pas reconnu et sur les familles de la terre qui n'ont pas invoqué Ton nom, car ils ont dévoré Jacob, dévasté, anéanti et ruiné ses foyers Ps 79,5-7 // Jr 10,25. Les présents versets gagnent d’autant plus à être cités qu’ils ont une histoire. Ils surgissent dans les Haggadot de Pessah, en pays achkénaze, vers le XII-XIIIe siècle, suite au ressentiment provoqué par les Croisades, dévastatrices pour les communautés juives du Bas-Rhin. Pris souvent pour exemple de l’esprit revanchard qui caractérise » le judaïsme, ils sont à comparer aux supplications de l’Apocalypse de Jean, qui de toute évidence en sont la transposition Jusqu’à quand, Maître saint et vrai loyal, tarderas-tu à faire justice et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? Ap 6,10. Faut-il tout pardonner ? Cette conception de la vengeance n’est donc pas moins absente des sources chrétiennes. On la retrouve encore sur un plan personnel, chez l’apôtre Paul. Le même Paul qui a dit Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez-les et ne les maudissez point » Rm 12,14 a dit également Alexandre le forgeron m’a causé beaucoup de tort le Seigneur lui rendra selon ses oeuvres II Tm 4,14. C’est lui encore qui assigne au pouvoir politique le devoir religieux de sévir contre les malfaiteurs Ce n’est pas en vain que l’autorité porte le glaive en punissant, elle est au service de Dieu pour faire justice, manifester sa colère envers le malfaiteur Rm 13,4. St Thomas d’Aquin 1225-1274 théorisera le droit chrétien de vengeance En sens contraire, on ne doit attendre de Dieu rien que de bon et de licite. Mais on doit attendre de Lui la vengeance sur nos ennemis, car il est dit Et Dieu ne vengerait-Il pas Ses élus qui crient vers Lui jour et nuit ? » Luc 18,7, ce qui revient à dire Au contraire, Il le fera. » Donc, la vengeance n'est pas par elle-même mauvaise et illicite […] Et ce n'est pas une excuse que de vouloir du mal à celui qui nous en a causé injustement, de même qu'on n'est pas excusé de haïr ceux qui nous haïssent. Un homme ne doit jamais pécher contre un autre sous prétexte que celui-ci a commencé de pécher contre lui, car c'est là se laisser vaincre par le mal, ce que l'Apôtre nous interdit Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe du mal en faisant le bien » Rm 12,21. Mais si l'intention, dans la vengeance, se porte principalement sur un bien que doit procurer le châtiment du pécheur, par exemple son amendement, ou du moins sa répression, la quiétude des autres, le maintien de la justice et l'honneur de Dieu, la vengeance peut être licite, en observant les autres circonstances requises ST, IIa, Question 1081. De même, pour les sources juives, la vengeance n’est vraiment blâmable que lorsqu’elle ignore toute alternative, se déploie sans juste mesure, avec sévérité et cruauté, ce qui est précisément le contraire de la posture adoptée par Dieu, telle qu’elle se trouve formulée dans un Psaume qui aura marqué profondément la liturgie juive Dieu est clément, Il préfère l'expiation de la faute au châtiment, Il contient longtemps Sa colère et, [quand Il doit sévir,] Il n'éveille jamais tout Son courroux Ps 78,38. Cette attitude de retenue vaut pour l’homme. La renonciation à l’aiguillon de la vengeance est un impératif moral, dans la mesure du possible. Le Talmud n’est pas sans exprimer une certaine admiration pour ceux qui se font humilier et n’humilient pas à leur tour, se font insulter et ne répliquent pas, agissent avec amour et restent joyeux dans la souffrance. À leur sujet, l’Écriture dit et ceux qui T'aiment, qu'ils soient comme le soleil quand il se lève dans son éclat ! » Jg 5,31 Yoma 23a. La recommandation n’est pas loin de celle professée par Jésus, dans le fameux Sermon sur la Montagne Vous avez entendu qu’il a été dit OEil pour oeil et dent pour dent. » Mais moi, je vous dis de ne pas vous opposer au mauvais. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. Si quelqu’un veut te faire un procès pour te prendre ta tunique, laisse-lui aussi ton vêtement Mt 5,38-40, cf. Lc 6,29. En fait Jésus ne récuse pas ici le bien fondé d’une réparation judiciaire sur le principe d’équivalence, ainsi que la règle du Talion a pu être interprétée par les maîtres du Talmud, pas plus qu’il ne s’en prend au châtiment corporel pour sa cruauté ! Son propos est autre il commande une éthique du pardon systématique, c’est-à -dire l’abandon de toute revendication, de toute poursuite judiciaire comme une posture morale radicale liée à sa vision eschatologique. Il s’agit d’enrayer toute spirale de la violence, en prenant l’agresseur à contrepied, l’invitant à sortir du rapport de force et entrer dans une logique de pardon fraternel en vue de l’accueil du Royaume de Dieu. Sans aller jusqu’à systématiser cette attitude radicale, les rabbins professent également qu’il est malséant et moralement prohibé de chercher à infliger le même mauvais traitement subi lorsque opportunité se présente de rendre l’humiliation, même en toute légalité. Il est immoral de commettre une injustice pour en réparer une autre ou de rendre le mal pour le mal. En voici l’injonction biblique, et son illustration talmudique Tu ne te vengeras pas, ni ne garderas rancune » Lv 19,18. Quelle différence existe-t-il entre la vengeance et la rancune ? La vengeance, c’est comme celui qui demande à son voisin Tu me prêtes ta faucille ? » Il lui répond non. » Le lendemain, le voisin lui demande Tu me prêtes ta hache ? » Et lui, de répondre Je ne te la prêterai pas car tu n’as rien voulu me prêter. » Telle est la vengeance. La rancune, c’est comme celui qui demande à son voisin Tu me prêtes ta hache ? » Il lui répond non. » Le lendemain, le voisin lui demande Tu me prêtes ton manteau ? » Et lui, de répondre Le voici. Je ne suis pas comme toi qui n’as rien voulu me prêter ! » Telle est la rancune Yoma 23b. Désamorcer les conflits En clair, en tout contentieux, l’attitude du plaignant peut varier et de ce fait influer considérablement sur la nature des relations qui doivent se rétablir. On peut chercher à durcir les conditions du règlement ou au contraire à les adoucir, à favoriser la réconciliation par une attitude humble et bienveillante. C’est ainsi qu’il existe dans les sources juives les plus autorisées et les plus anciennes, l’idée qu’il faut autant que possible être capable de désamorcer un conflit par une certaine mansuétude qualifiée de lifnim mi-chourat ha-din », en amont de la règle établie Berakhot 7a. Ainsi en va-t-il du pardon. Le devoir moral n’est pas seulement d’implorer le pardon mais aussi de l’accorder à quiconque le solliciterait. Or, au sens strict, il n’existe guère d’obligation de pardonner. Nous ne pouvons en effet jamais être assurés de la sincérité du repentir de celui qui nous sollicite. Et parfois, il convient de ne pas se réconcilier promptement, car il ne faut pas rompre le travail » de réhabilitation qu’opère le repentant. Au demeurant, c’est une grande vertu d’être a priori enclin à pardonner. Il y a comme une forme d’orgueil et même de cruauté » à refuser d’accorder le pardon Ainsi peut-on lire dans les premiers instants de la liturgie de Kippour Oui, j'en prends la résolution, je pardonne à ceux qui m'ont causé du tort, qu'ils l'aient fait sous la contrainte ou de plein gré, par inadvertance ou délibérément, qu'ils m'aient nui par leurs propos ou par leurs actes, à tous, quels qu'ils soient, je pardonne. Que personne ne subisse Ta rigueur à cause de moi.» Il y a comme une forme d’orgueil et même de cruauté » à refuser d’accorder le pardon cf. Michna, Baba Qama 87. Au bout de trois requêtes, sauf exception, il est plus que raisonnable d’acquiescer. Rabbi Yossi bar Hanina enseigne Toute personne qui invoque le pardon à son prochain, ne devra pas le requérir plus de trois fois… Yoma 87a. Selon le Talmud Yevamot 79a, trois traits de caractère doivent prévaloir dans le comportement de tout juif compassion, pondération, bienveillance. » Maïmonide Hil. issouré bia 1224 ; 1917 écrit qu’en cas de demande de conversion, l’absence de l’une ou l’autre de ces qualités révèle que le candidat est indigne de s'adjoindre au peuple d'Israël. C’est pourquoi Il ne convient pas de se montrer cruel en refusant la réconciliation. Il faut au contraire être enclin à apaiser sa colère et ne pas se montrer irascible. Et lorsque celui qui a lésé son prochain demande sincèrement et ardemment à être pardonné, même s’il lui a causé grand tort et nombreux ennuis, il ne 4 faudra pas chercher à se venger ou garder rancune, car telle est la conduite digne du peuple d’Israël Hil. techouva 210. Le grand cabaliste Mochè Cordovéro 1522-1570 écrit dans le même état d’esprit Ceux qui, de stature morale moyenne se montrent incapables de se conduire en amont de la règle établie sont appelés Jacob’’ et non Israël, titre d’une plus grande dignité Le Palmier de Débora, 110. Et dans la même veine, la ligne de conduite qui consiste à ne rendre justice qu’au sens d’une équivalence arithmétique », selon la fameuse règle dite du Talion prise au sens caricatural oeil pour oeil, dent pour dent » 2, est explicitement décriée par le livre des Proverbes Ne dis pas Comme il m’a traité, je le traiterai, je rends à chacun selon ses oeuvres Pr 24,29. Le thème se retrouve dans le Siracide 3 IIe siècle avant l'ère commune Celui qui se venge éprouvera la vengeance de l’Éternel qui tient un compte rigoureux des péchés. Pardonne à ton prochain ses torts, alors, à ta prière, tes péchés te seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? Si 28,1-3. Et le Talmud d’abonder dans ce sens Celui qui renonce à ses récriminations, Dieu agira avec lui selon la même mesure de mansuétude Yoma 23a, 87b 4. En somme, le principe de justice dite commutative », d’effet équivalent à la cause, est ici parfaitement respecté sauf qu’au lieu de procéder d’une logique de rétribution et de vengeance, il déploie une logique de conciliation et de pardon ! L'attitude vis à vis de celui qui nous veut du mal Qu’en est-il de l’attitude requise envers celui qui nous veut du mal ? Le judaïsme exclut-il l’amour de l’ennemi ? On connaît les récriminations de Jésus à l’endroit du légalisme aride desdits scribes et pharisiens » Vous avez entendu qu’il a été dit Tu aimeras ton prochain mais tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis Aimez vos ennemis et priez pour vos persécuteurs ! Mt 5,43-44. L’opposition classique entre judaïsme et christianisme doit être ici considérablement nuancée. À en juger par l’ensemble des sources néo-testamentaires et de la littérature patristique, le moins qu’on puisse dire est que cette injonction est loin d’avoir été suivie à la lettre. Dans l’Apocalypse de Jean, le Christ céleste loue l’Église d’Éphèse car elle hait les oeuvres des Nicolaïtes que je hais aussi » Ap 2,6. Particulièrement, le ressentiment envers les juifs, même s’il n’est jamais formulé comme un ordre formel, ressort de nombreux textes. Du côté juif, si l’injonction Tu aimeras ton prochain comme toi-même » figure bien dans les Écritures hébraïques Lv 19,18 – adjointe d’ailleurs à celle de ne pas se venger ni garder rancune –, celle de haïr son ennemi ne s’y trouve aucunement ! Grâce à la découverte moderne des manuscrits de la mer Morte, nous savons désormais que c’est la secte de Qoumran probablement essénienne qui tenait doctement ce type de discours Il est ordonné d’aimer tous les fils de lumière, chacun selon son lot dans le conseil de Dieu, et de haïr tous les fils de ténèbres Règle de la communauté 1,9-10 ; 9,21-22. 2 Un tel impératif aux accents manichéens ne fut en aucune façon adopté dans les sources rabbiniques même si dès la Bible hébraïque, il est admis que la haine peut être rendue, voire considérée comme requise envers ceux qui sont haineux de Dieu Comment ne détesterais-je pas ceux qui Te haïssent, n’aurais-je pas en horreur ceux qui se dressent contre Toi ? Oui, je leur voue une haine sans limite, j’en fais mes propres ennemis Ps 139,21-22. Il n’empêche que dès la Bible hébraïque aussi, on trouve a contrario, sous diverses formes, une forte incitation à enrayer le cercle vicieux de la haine Si tu vois l'âne de ton ennemi qui ploie sous sa charge, t’abstiendrais-tu de lui venir en aide ? Tu viendras à son aide Ex 23,5. Lorsque ton ennemi tombe, ne te réjouis pas ; s’il succombe, que ton coeur ne jubile pas Pr 24,17. S’il est vrai que dans la Bible et la littérature talmudique, Dieu Se venge » en ce sens qu’en l’absence de repentance, Il ne laisse pas le crime impuni 5, nombreuses sont les scènes qui représentent Dieu comme contrit à l’idée de devoir sévir contre Ses créatures Et l’Éternel regretta d’avoir créé l’homme sur la terre, et Il S’affligea en Lui-même Gn 6,6. Le Saint béni soit-Il ne Se réjouit pas de la chute du méchant. […] Les anges de Service voulurent entonner un chant au passage de la mer Rouge mais le Saint béni soit-Il leur dit Mes créatures lesÉgyptiens se noient dans la mer et vous voulez chanter devant Moi ? » Meguila 10b. Il existe bien quelques sources qui présentent l’image sarcastique d’un Dieu qui se complait voire s’esclaffe au spectacle de la perdition des méchants. Mais l’image apparaît toujours en revers, en miroir d’une malveillance affirmée, des ruses ou sarcasmes de personnages croyant pouvoir duper le Créateur et triompher de Lui Alors, autant l’Éternel Se plaisait à vous rendre heureux et à vous multiplier, autant Il se plaira à consommer votre perte et à vous détruire. Vous serez arrachés à ce sol dont vous allez prendre possession Dt 28,63. Les rois de la terre se soulèvent, les princes se liguent ensemble contre l’Éternel et Son oint. […] Celui qui réside dans le ciel en rit, l’Éternel Se raille d’eux. Puis, Il les apostrophe dans Sa colère… Ps 2,2-5. R. Yitshak a dit Après avoir démasqué une fausse auto-réhabilitation des idolâtres, à la fin des temps, Le Saint béni soit-Il n'aura jamais autant ri, si ce n'est ce jour-là Avoda zara 3b. Dieu exècre la soif de vengeance Autre texte rabbinique faisant entendre que Dieu exècre la soif de vengeance Regarde combien grande est la valeur de la paix Lorsqu’un être de chair et de sang subit la hargne d’un ennemi, il cherche le moyen de lui rendre la monnaie de sa pièce, en stipendiant au besoin un homme plus puissant que lui pour nuire à son ennemi. Mais le Saint béni soit-Il n’agit pas de la sorte. Ne voit-on pas les idolâtres irriter Dieu par leur conduite, et pourtant lorsqu’ils s’endorment, toutes leurs âmes remontentà Lui, ainsi qu’il est dit Lui qui a donné le souffle au peuple qui l'habite » Is 42,5. Autre enseignement Lorsqu’un être de chair et de sang cause du tort à son prochain, celui-ci en conserve toujours de la rancoeur. Mais il n’en va guère ainsi chez le Saint béni soit-Il. Alors que le peuple d’Israël fut opprimé en Égypte, asservi aux travaux du ciment et des pierres, et malgré tout le mal que lesÉgyptiens leur infligèrent, le texte biblique exprime encore de la pitié à leur égard Tu ne mépriseras pas l’Égyptien car tu as été étranger dans son pays » Dt 23,8. Aussi, vous aussi, cherchez la paix et poursuivez-la » ! Ps 34,15 DtR 515. Certes, ici encore, il est possible de faire valoir des injonctions bibliques contradictoires qui expriment un ressentiment perpétuel impliquant un traitement impitoyable L’Éternel dit alors à Moïse Écris cela dans un livre pour en garder le souvenir, et déclare à Josué que J'effacerai la mémoire d'Amalek de dessous les cieux. Puis Moïse bâtit un autel qu'il nomma Éternel-Nissi car, dit-il La bannière de l’Éternel est en main ! L’Éternel est en guerre contre Amalek, de génération en génération Ex 17,14-16. L'Ammonite et le Moavite ne seront pas admis à l'assemblée de l’Éternel ; même leurs descendants à la dixième génération n’y seront pas admis, et cela pour toujours ; parce qu'ils ne sont pas venus à votre rencontre avec le pain et l'eau quand vous étiez en route lors de la sortie d'Égypte, et parce qu'ils ont stipendié Balaam fils de Béor pour te maudire, de Pétor en Aram Naharayim. Mais l’Éternel ton Dieu ne consentit pas à écouter Balaam, et Il changea pour toi la malédiction en bénédiction car Il t'avait pris en affection. Jamais, tant que tu vivras, tu ne rechercheras leur prospérité et leur bonheur Dt 23,4-7. On observera toutefois à nouveau que l’intransigeance divine n’a d’égale que la détermination farouche avec laquelle ces peuplades ont voulu combattre Israël Amalek, parce qu’il fut le premier peuple après la sortie d’Égypte, à chercher à l’anéantir, s’attaquant aux plus faibles cf. Dt 25,18 ; Moav et Amon qui lui était attaché, parce qu’il chercha à maudire Israël, à l’atteindre spirituellement. Du reste, ceux-là font figure d’exception tant la règle générale consiste à ne jamais fermer la porte de la réconciliation et, a contrario, de poursuivre la paix. » Plus encore, le droit talmudique finira, à partir de diverses considérations, par lever les interdits d’adjoindre les descendants de ces peuplades au peuple d’Israël 6. Le judaïsme ne va pas jusqu’à prescrire l’amour de l’ennemi » Pour autant, le judaïsme ne va pas jusqu’à prescrire indifféremment et globalement l’amour de l’ennemi ». Mais l’idée de prier pour ses persécuteurs qui suit chez Matthieu l’injonction de Jésus d’aimer ses ennemis, est présente dans le judaïsme rabbinique, comme en témoigne ce midrach Il y avait des gens vils dans le voisinage de Rabbi Méir qui lui causaient grand tort. Rabbi Méir voulut implorer la pitié divine, pour que Dieu les fasse périr. Brouria, sa femme, à qui il fit part de ses intentions, lui dit As-tu seulement compris le sens du verset Que les péchés disparaissent de la terre ! » Ps 104,35 ? Est-il demandé que les pécheurs » disparaissent ou que les péchés » disparaissent ? Les péchés ! Observe à présent la suite du verset, que dit-il ? – et de méchants, il n’y en a plus. » En effet, puisqu’il n’y aura plus de péché, il n’y aura plus non plus de pécheur ! Invoque plutôt la pitié divine pour que ces hommes se repentent devant Dieu, et alors, de méchants, il n’y en aura plus ! Rabbi Méir implora la pitié divine pour que ces hommes s’amendent de leurs méfaits et ils revinrent à Dieu Berakhot 10a. Le thème abonde dans la liturgie de Kippour Le malveillant abandonnera sa voie, le pervers ses pensées, et ils reviendront à l'Éternel et Lui les accueillera dans Sa clémence ; ils reviendront à Dieu car Il se montrera prompt à pardonner » Is 55,7. En effet, Tu ne désires pas la mort du pécheur, Tu veux au contraire qu'il vive en se repentant. Même jusqu'au jour de sa mort, Tu attends encore qu’il parvienne à résipiscence. Et s'il revenait alors à Toi, Tu l'accueillerais aussitôt. L’espérance déborde de son cadre tribal » puisqu’elle devra concerner l’humanité tout entière Que se prosternent, devant Toi, toutes les créatures et qu'elles ne forment plus qu'un seul faisceau pour accomplir Ta volonté, d'un coeur sans partage ! […] Alors les justes qui contempleront cela se réjouiront, les hommes intègres seront dans l'allégresse et les fidèles feront éclater leur émotion. Le vice sera réduit au silence et toute la méchanceté humaine se dissipera en fumée, car Tu auras fait disparaître la puissance du mal de la terre ibid.. Au fond, on a toujours d’excellentes raisons de haïr son ennemi ; la liste des griefs est souvent longue et leur justesse, aux yeux du plaignant, parfaitement avérée ! La vertu de réconciliation, de paix, exige de l’héroïsme », un dépassement de soi, pour ramener dans l’ombre les aspects négatifs et mettre en lumière les aspects positifs. Ou selon la belle formule du Rabbi Yossef Bekhor Chor XIIe s. Le Saint béni soit-Il dit à l’homme Que l’amour que tu éprouves pour Moi vainque la haine que tu éprouves pour lui ton ennemi et viens-lui en aide, au nom de Mon amour Commentaire sur Ex 23,5. Mochè Cordovéro développe C’est là une mesure/vertu qu’il sied à l’homme d’adopter à l’égard de son prochain. Même s’il est en droit de réprouver son prochain ou ses enfants, en leur faisant endurer des épreuves, et qu’ils les subissent, ce n’est pas une raison pour amplifier sa remontrance et prolonger sa colère, même s’il s’est déjà mis dans cet état. Il devra la résorber et ne pas la prolonger, même lorsque la colère est permise comme on peut le voir dans l’exemple cité par les rabbins Quand tu verras l’âne de ton ennemi ployer sous sa charge… » Ex 23,5, commenté ainsi Quelle est cette inimitié ? Celle que peut ressentir celui qui a vu quelqu’un commettre une transgression dont il est le seul à pouvoir témoigner, et qui éprouve de l’aversion à son endroit pour cette faute. Même en pareille circonstance, la Tora enseigne Tu devras l’aider », c’est-à dire abandonner le courroux qui dévore ton coeur. Au contraire, c’est un commandement que de le rapprocher avec amour, peut-être parviendra-t-il par cette voie à se redresser Le Palmier de Débora, 15. Une des tournures les plus marquantes du patrimoine juif reste sans aucun doute celle du traité Avot de-rabbi Natan, d’époque talmudique Qui est le véritable héros ? Celui qui fait de son ennemi un ami ARN A23. On voit ici que le judaïsme, loin d’avoir déconsidéré le devoir moral envers l’ennemi, le pervers ou le païen, exhorte au dépassement du ressentiment et de la haine. Mais il est vrai qu’il subordonne généralement cet amour au repentir. Sur un plan doctrinal, il refuse donc l’état de grâce absolue, l’absolution gratuite comme but premier et ultime de l’amour, notamment car ce serait le plus souvent ne rendre service ni à l’offenseur, ni à celui qui a été offensé. Le christianisme lui-même ne s’en est pas tenu à prêcher indistinctement le pardon mais incite moralement, comme le judaïsme, à enrayer autant que possible le cercle vicieux de la haine.
Noussavons que pour le judaïsme, il n'y a pas de pardon gratuit, il faut le mériter pour vivre. A l'inverse du christianisme, pour lequel la foi est la clé pour mériter la vie éternelle, pour laPublié le 05/10/2021 à 1443, Mis à jour le 05/10/2021 à 1443 Kriuchenko Maryna/Marina - D’une indulgence royale à la rémission des péchés, le pardon» est un mot riche de sens. Il est parfois nécessaire. On le dit avec simplicité ou en serrant les dents. Le pardon n’est pas toujours facile à accorder. Il est l’action de pardonner une offense», par laquelle on peut regagner une estime perdue. Il est également cette formule de politesse, un terme de civilité je vous demande pardon», ou simplement Oh! pardon!» par lequel on s’excuse de déranger quelqu’un», ainsi que le souligne le Trésor de la langue française. Mais il est aussi porteur d’une myriade d’autres sens, que Le Figaro vous propose de redécouvrir aujourd’ le pardon de DieuLe verbe pardonner» signifie proprement donner complètement, remettre» du latin per, et donare. Le pardon» doit être total, absolu, quitte à faire mentir l’adage faute avouée est à moitié pardonnée». Il est doté d’un sens sacré dans les religions monothéistes. Le pardon» est dans le catholicisme un acte de la miséricorde divine qui efface le péché, qui restaure l’homme dans sa relation avec Dieu», note l’Académie française. On parle ainsi du pardon des offenses, des péchés», que les croyants obtiennent à l’issue d’une confession. Ils avouent leurs péchés à un prêtre pour obtenir le pardon de Dieu». Le pardon» est aussi le nom de pèlerinages religieux, particulièrment en Bretagne, et de fêtes populaires qui ont lieu à cette occasion. Le pardon de Sainte-Anne d’Auray» a encore lieu tous les ans dans le jeûne et la fête des indulgencesLe mot se dit aussi, au XVe siècle, de l’angélus, à la récitation duquel des indulgences étaient attachées». On demandait pardon» pour obtenir la rémission des peines temporelles attachées à des péchés déjà absous, accordée par l’Église sous certaines conditions. La religion juive n’est pas en reste, puisque dès 1721, le mot désigne la fête juive de l’expiation», le fameux Yom Kippour», ou fête du Grand Pardon». C’est le moment le plus important de l’année. La communauté le célèbre en automne, dans le jeûne et la terme n’a pas toujours été associé à au poids des fautes. En 1240, le pardon» était une fête pour les chrétiens, le moment où l’on pouvait obtenir des du roiLe pardon» n’est pas seulement spirituel. Il dit quelque chose de notre histoire de France. Jadis, les princes accordaient ainsi des pardons», par le biais de lettres de rémission», pour remettre la peine de certains délits moins graves. Pour l’obtenir, les lettres dites de grâce» étaient nécessaires. Le roi lui-même pouvait accorder son pardon à ceux qui le méritaient. Le procédé était très en vogue pendant l’Ancien Régime. C’est un acte de la Chancellerie qui arrête le cours de la justice, qu’elle soit royale, seigneuriale, irbaine, ou ecclésiastique» . On retrouve ici le concept de rémission», intrinsèquement lié à la religion catholique. C’est notre commutation des peines» actuelle. Enproposant l'instauration de nouveaux jours fériés pour des fêtes musulmane et juive, la Fondation Terra Nova relance un vieux débat . Au Québec, les employeurs doivent négocier les Yom Kippour est la grande fête religieuse juive du Grand Pardon. Il s’agit du jour le plus saint de l’année où jeûne et chômage doivent être scrupuleusement respectés dans une ambiance austère et solennelle. Voyons quels sont les origines et les rites de cette grande fête juive. Quelles sont les origines de Yom Kippour ? Yom Kippour signifie Jour des propitiations » en langage hébraïque. On l’appelle aussi Jour du Grand Pardon » ou Jour de l’expiation ». Elle rappelle aux fidèles le jour où Moïse est redescendu du Mont Sinaï avec les nouvelle tables de la loi. Il avait prié pendant 40 jours pour le pardon du peuple, car celui-ci avait désobéit en érigeant un veau d’or en lieu et place de YHWH Yahwhé. Par la suite, un Tabernacle et l’Arche d’Alliance, furent construits afin d’héberger ces tables de loi. Tous les ans un service avec offrandes, prières et encens était spécialement prescrit pour ce jour saint. Cette pratique a perduré durant tout le temps du Temple de Salomon, puis du Temple de Ezra. Les juifs se réunissaient autour du Grand Prêtre afin d’assister au service et d’obtenir le pardon pour le peuple d’Israël. C’est à partir de la destruction du second Temple vers 70 de notre ère que chaque juif prit l’habitude de célébrer la fête sainte dans son cœur et au sein de son foyer. Comment pratique-t-on Yom Kippour ? Tout débute 40 jours avant les célébrations, les juifs commencent la journée par réciter des prières et des psaumes, instaurant ainsi un climat de repentance. Puis pendant les 10 jours précédant la fête sainte, connus comme étant les 10 jours de repentance », d’autres prières sont ajoutées le matin et l’après-midi. Durant cette période, les Mitsvas, les commandements, sont méticuleusement respectés. La veille de cette grande fête religieuse juive, on se prépare au jeûne par deux repas de fête, l’un dans l’après-midi et le second peu de temps avant le commencement du jeûne. Donner la charité et bénir les enfants font généralement partie des préparatifs. Une bougie du nom de Ner’Haïm est allumée et brûlera tout au long de la fête. Durant les 26 heures que durent les célébrations, il est interdit de Manger et boire ; Se laver Mettre des chaussures de cuir ; Utiliser des crèmes et des lotions ; Avoir des relations sexuelles. On passe généralement la journée à la synagogue, où l’on demande pardon et où l’on fait repentance. L’office se termine par une prière à la joie explosive, on chante et on danse avant d’entamer le repas de fête. Quand se déroule-t-il ? Yom Kippour est célébré le 10ème jour du mois de Tichri, peu après le nouvel an juif, appelé Roch Hachana qui lui est fêté le 1 et 2 Tichri. Pour le calendrier grégorien, il se déroule selon les années entre les mois de septembre et octobre. En 2021, la fête débutera dans la soirée du mercredi 15 septembre 2021. A-t-il encore un sens aujourd’hui ? De nos jours, la fête du Grand Pardon est encore très largement célébrée en Israël ainsi que dans toute la diaspora. Le jeûne est généralement bien respecté et la coutume de résoudre ses conflits personnels, en famille ou entre amis, durant cette période est très appréciée. PourStéphane, jeune bruxellois de 24 ans terminant ses études d'ingénieur civil et très intéressé par le monde du développement et de la coopération, religion et spiritualité vont de pair avec ouverture d'esprit. Bien que le judaïsme soit la composante fondamentale de sa foi, ses valeurs sont également influencées par son environnement ainsi que par les messages Huit jours après Rosh hachana, c’est le jour du grand pardon. Ce jour là Israël est coupé du monde pendant 25 heures. Le pays est complètement paralysé, tout est fermé et même la TV n’émet pas. Aucune voiture ne circule dans les rues et tout le monde le respecte. Seules les voitures de police sillonnent les rues ainsi que les véhicules de secours. À l’occasion de la commémoration du Grand Jour de Réconciliation », tel qu’il est observé actuellement par l’ensemble du Peuple Juif les autorités israéliennes ont décidé d’une fermeture générale de la Judée Samarie du vendredi après-midi à samedi soir, à l’occasion de la fête de Yom Kippour. Les forces de sécurité ont renforcé leurs présences à Jérusalem et dans le nord du pays par crainte d’émeutes et d’affrontements avec les palestiniens lors de la journée de Yom Kippour Grand Pardon. Israël à Yom Kippour est une expérience vraiment magnifique. Le pays tout entier s’arrête, pas de voitures, pas de musique, pas de restaurants, pas de téléphone. En ce jour les Juifs font le jeûne et la prière pour le pardon des péchés entre les Hommes et Dieu. C’est aussi le moment de mesurer et de corriger les fautes envers les autres. Ce grand jour-là , nous voyons souvent des dens pieux pleurer lorsqu’ils répétaient la confession émouvante qui suivait l’énumération des sacrifices exigés par pour les péchés d’omission et de commission. Tous les fidèles à travers le monde observent cette fête du Grand Pardon. En ce jour sublime et grave, la communauté juive du monde entier tend les mains vers les cieux, vers le créateur pour l’implorer de lui pardonner toutes les fautes commises, toutes les méprises, les tentations, le mal qui a été fait intentionnellement ou non à ses semblables. Ce qui est essentiel, dans le Kippour, c’est l’implication personnelle, surtout avec un jeûne total sans boire ni manger pendant environ 25 heures – les malades en sont dispensés – et d’autres formes d’abstinence se laver, utiliser des crèmes parfumées, porter des chaussures en cuir, avoir des rapports sexuels. Il y a aussi la dimension familiale et sociale, dans les repas qui précèdent et suivent le jeûne et dans les réunions des familles à la synagogue pour recevoir la bénédiction sacerdotale, donnée par les Cohanim, les descendants d’Aaron. Kippour, le peuple juif l’a maintenue, même après la chute du Temple, sans discontinuité, dans tous les espaces de sa Diaspora, en mettant l’accent sur la notion du pardon . Kippour, appelé communément jour du grand Pardon» est le jour de la ferveur juive par excellence. A cet égard, Kippour est appelé également dans la liturgie juive le Shabbath des Shabbath » Cette journée est presque entièrement remplie par la prière à la synagogue le soir jusqu’à 21h à peu près, et le matin cela reprend vers 8h jusqu’au coucher du soleil, avec une petite interruption d’une heure environ vers 14h. C’est que cette journée est la dernière chance pour implorer le pardon de Dieu ! En ce jour de purification, Israël se reconnaît pécheur et supplie Dieu de lui faire miséricorde. Comme chaque année, à l’occasion de Yom Kippour, ou le Grand Jour de Réconciliation, nous venons vous souhaiter une bonne fête. Évènement que nous considérons comme le plus important de votre histoire. Yom Kippour se termine à la sonnerie du chofar dans les synagogues. Le chofar est un instrument de musique à vent utilisé par les juifs depuis l’antiquité, il est fabriqué en corne de bélier. Que la fête de Kippour soit pour nous tous l’annonce de la fin de la haine dans le monde, et la Paix pour Israël. La haine des Juifs a déjà trop existé, hélas ! Mais, l’espoir a toujours été le bien le plus précieux de l’homme. Ce qui nous a toujours permis d’espérer des jours meilleurs Ftouh Souhail, Tunis 0 0 votes Évaluation de l'article Lafête de Kippour (NDLR, le jour du Grand Pardon dans la religion juive) est tombée un samedi cette année-là . Mon fils, qui avait 8 ans à l'époque, n'avait pas pu participer à un match Par avec AFPPublié le 17/12/2015 à 12h21 En 2012, un jeune homme n'est pas retenu dans l'entreprise au motif que son employeur ne peut pas le faire travailler samedi, jour de shabbat Un chef d'entreprise de confession juive a été condamné mardi pour discrimination à l'embauche envers les juifs, le tribunal correctionnel de Paris ayant retenu qu 'il ne voulait pas les faire travailler le samedi, jour de shabbat , selon un jugement. La société Eleven, qui emploie 120 salariés et exploite la chaîne de prêt-à -porter Eleven Paris, a été condamnée à 20 000 euros d'amende , son président Dan Cohen à 10 000 euros d'amende, et l'ancien directeur réseau à 5 000 euros d'amende, dont la moitié avec sursis. Pas de travail le jour du shabbatLe 4 octobre 2012, est embauché en contrat à durée indéterminée un jeune homme de 26 ans, comme conseiller de vente. Quinze jours plus tard, le directeur réseau, qui faisait office de directeur des ressources humaines, lui signifie la fin de sa période d'essai, en lui remettant un courrier, sans motivation. Mais il lui avait dit que ses employeurs ne voulaient pas le garder "parce qu'il était juif" et que le patron, Dan Cohen, ne souhaitait pas "avoir d'employés juifs car il ne pouvait pas les faire travailler le samedi, jour du shabbat". Le vendeur avait ensuite enregistré des conversations téléphoniques avec le responsable réseau, lequel expliquait "ils ont pour pratique de ne pas faire travailler les personnes de confession juive sur les périodes de shabbat, tout ça justement parce qu'ils sont très pratiquants", mais lui assurait que, pour le vendeur, " niveau travail ça allait ". "Ils ne veulent pas que les juifs travaillent le samedi"Il avait également enregistré une responsable d'une boutique, qui disait " le boss est un peu religieux ", "ils ne veulent pas que les juifs travaillent le samedi". Un autre encore avait évoqué une "règle tacite que l'on apprend par la bouche à oreilles et qui vient de Dan Cohen... Il ne veut pas que ses employés de confession juive travaillent pour shabbat". Dan Cohen, lui, s'était défendu en expliquant que son directeur réseau avait agi de sa propre initiative . Sans convaincre le tribunal, qui a jugé "peu crédible" que le "DRH" se soit "octroyé la liberté de commettre des discriminations religieuses à l'embauche" ou qu'il ait "mal compris et mal interprété" la politique d'embauche" de l'entreprise, "alors qu'il s'agissait de sa principale attribution". 6Vr43. 24 81 55 126 302 385 264 122 181