Soldats belges décorant des douilles d’obus. L’artisanat de tranchée, appelé aussi Art du Poilu » ou Art des tranchées » – Trench Art par les anglophones – désigne une activité de création artistique manuelle et un art populaire pratiqué – entre autres – par tout homme, ayant un rapport direct ou indirect avec le conflit armé ou ses conséquences. Ils sont le plus souvent fabriqués lors des attentes dans les tranchées pour meubler le temps. Historique Vases à décor floral Art nouveau, réalisés dans des douilles d’obus. Ces douilles sculptées et gravées sont un exemple typique de l’artisanat de tranchée de la Première Guerre mondiale. Stock de douilles servant de matière première à l’artisanat de tranchée. Poilus décorant des douilles d’obus pendant la guerre de 1914-18. Exposition L’Art pendant la guerre, Lausanne 1917. Contexte Cette activité artisanale populaire est apparue dès la guerre de 1870 et s’est surtout développée dans les tranchées lors de la Première Guerre mondiale, période de son apogée, puis dans les camps de prisonniers de la Seconde Guerre mondiale, pour tromper l’ennui. Elle est similaire à la tradition séculaire des marins qui confectionnent des objets gravés et sculptés en os de baleine et autres matériaux. À partir de l’hiver 1914-1915, cet artisanat va connaître un développement considérable. Les soldats de toutes les puissances combattantes, contraints à l’inaction et à l’immobilité de la guerre de tranchées, disposaient de quantités importantes de métaux, provenant des douilles des munitions tirées sur l’ennemi. La consommation d’obus de 75 mm est démesurée 3,75 millions sont tirés lors du seul mois de mars 1916 dans le secteur de Verdun. Fin 1916, plus de 60 millions d’obus auront été tirés[1]. La loi du 6 mars 2012[2], bien qu'en apportant un progrès dans la neutralisation de certaines munitions, a classé sans discernement toutes les autres munitions, même les douilles d’obus gravées, comme munitions de catégorie A[3]. Une activité variée Certains soldats étaient dans la vie civile des artisans très qualifiés – orfèvres, graveurs, dinandiers, mécaniciens de précision, etc. – ou des paysans faisant preuve d’une grande habileté manuelle dans la fabrication d’objets d’art populaire. Retrouver les gestes de leur métier d’avant la guerre leur permet de garder leur humanité. Ces hommes fabriquent de nombreux objets de la vie courante briquets, couteaux, bagues, boîtes à bijoux, tabatières, cannes, objets de piété, porte-plumes, encriers, etc., ou décoratifs figurines militaires, maquettes d’avions… à partir des matières premières trouvées sur place laiton et cuivre provenant des projectiles douilles de balles, douilles et têtes d’obus, shrapnels et de l’équipement individuel quarts, gamelles, boutons, etc., aluminium fondu servant à la fabrication de bagues, cuir, tissus, pierre et même paille et autres végétaux. Le bois facile à trouver et ne nécessitant qu’un outillage rudimentaire est un matériau de prédilection. Il permet la création de nombreux objets comme des plumiers, des tabatières, des boîtes à bijoux, des jouets, des cadres à photos, des bas-reliefs, etc. Affiche pour Les Blessés au travail - 1914 Une partie de ces objets est réalisée à l’arrière des lignes de combat par des soldats blessés ou mutilés, dans des ateliers aménagés par l’autorité militaire. Des écoles de rééducation et des associations sont créées, comme Les Blessés au travail, qui certifient l’origine des objets vendus. Certains objets ont aussi été réalisés après le conflit par les soldats restés sur les champs de bataille pour le travail de déminage, et par des prisonniers de guerre dans un but lucratif et furent vendus dès 1919 aux touristes visitant les anciens champs de batailles. Ainsi, des fouilles archéologiques récentes ont permis de retrouver les traces d’un dépotoir d’atelier, découvert sur la ZAC Actiparc près d’Arras. La fouille d’une portion de tranchée a mis au jour des dizaines de rebuts de tôle de laiton. Leur étude a permis de retracer une chaîne de production d’étuis de protection de boîtes d’allumettes, mais aussi de coupe-papiers et de boucles de ceinturons. Les inscriptions en allemand gravées sur certaines pièces ont permis d’identifier leurs créateurs, des prisonniers affectés à la réfection de la ligne de chemin de fer Arras-Lens en 1919[4]. Les différents types d’objets fabriqués Ces productions ne témoignent pas seulement de l’habileté manuelle et de l’ingéniosité infinie des hommes ordinaires. Elles sont autant de protestations contre la laideur, contre la bêtise guerrière, contre l’absurdité du sacrifice. » – Jean-Claude Guillebaud, préface à De l’horreur à l’art dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale, de Nicole Durand. 2006. Les douilles gravées et sculptées Le laiton des douilles est repoussé et gravé. Celle de 75 mm est la plus souvent détournée. Elle devient un vase décoré de gravures ou de reliefs en ronde bosse obtenus par martelage, estampage et ciselage, souvent dans un style naïf et Art nouveau. Les soldats y représentent des motifs sentimentaux avec par exemple le prénom de l’être aimé, légers avec des dessins de femmes, patriotiques et militaires avec les noms des batailles vécues, ou plus simplement décorés de motifs végétaux et floraux. Une douille martelée et gravée de roses dans une douille d’obus de 75 mm Une douille martelée et gravée de coquelicots dans une douille d’obus de 75 mm[N 1]. Douilles décorée des noms de Tahure et Hurlus, deux villages de la Marne détruits par les combats et qui ne furent jamais reconstruits artisanat russe, Blighty ! L’Angleterre ![N 2].Une douille martelée et gravée de deux Tommies blessés près des falaisesde Douvres Coupe-papier fabriqué à partir d'une douille d'obus pour la lame et d'une cartouche de fusil Mauser 8 x 57 JS. Bataille de la Somme, 1916. Musée de l'armée Les briquets de poilus et les objets de fumeurs Briquet de tableSouvenir d’Orient Ronaldojof Le briquet de poilu, ou briquet de tranchée, fut l’une des premières fabrication des soldats sur le front. Les allumettes, peu discrètes et moins fiables, furent vite remplacées par le briquet à essence, facile à fabriquer ex nihilo ou bien même en détournant un objet s’y prêtant. Très vite les soldats en permission ramenèrent aux copains » le nécessaire de base une molette et une pierre à briquet ou ferrocérium aisément trouvable chez tous les commerçants. Il s’agissait ensuite de concevoir un petit réservoir pour y placer un morceau de coton imbibé d’essence. Purement utilitaire dans un premier temps – on trouve ainsi des briquets réalisés dans des balles ou des cartouches de fusées éclairantes mais également dans des boîtes de sardines ou des poignées de porte – le briquet de poilu accompagne rapidement la majorité des soldats, quelle que soit leur nationalité. Il peut être en laiton, en cuivre mais aussi en aluminium ou en bois. On réalise alors des pièces de plus en plus soignées, on mélange plusieurs systèmes d’allumage sur un seul briquet – à pierre et à amadou ou à système dit aussi plongeoir – et comme pour le reste de l’artisanat de tranchée, ce ne sont plus seulement des objets usuels que l’on fabrique mais on rivalise désormais d’ingéniosité pour créer de véritables chefs-d’œuvre. De plus, tous les corps de métiers étant rassemblés au front, il est facile pour un soldat peu habile de ses mains de faire réaliser une commande particulière ou une gravure complexe. Le briquet ne reste plus dans la poche, on l’exhibe comme un trophée sur lequel est inscrit le lieu d’un combat ou une date symbolique, une caricature de l’ennemi ou sa bien-aimée laissée au foyer. Certains insèrent même une photo de leurs proches, femme ou enfants. D’autres réalisent des briquets de table qui rappelleront les sombres heures passées au front. Briquet tank Ronaldojof Briquet Ronaldojof Briquet boîte de Ronaldojof >Briquet croix de Ronaldojof PipeMusée de Toul. Dans le même temps, à l’arrière, se développe un marché parallèle. Il est de bon ton de posséder un briquet de soldat et l’on peut trouver dans les commerces mais aussi dans certains catalogues, des briquets industriels constitués d’une base en laiton sur laquelle on vient souder de chaque côté, un médaillon gravé d’une scène ou d’une inscription. Les briquets sont vendus tels quels ou bien en morceaux et l’on choisit alors son médaillon. Que ce soit un briquet dit de poilu » ou de tranchée », ou alors un briquet industriel, il est évident que dans la plupart des cas, très rapidement, ces briquets ne seront plus réalisés sur le front mais soit à l’arrière, pendant les périodes de repos, dans les hôpitaux par des blessés de guerre à des fins de rééducation, dans les camps de prisonniers ou alors après la guerre, en souvenir[5]. Les objets du quotidien Tire boutons. 1914-18. Casque desoldat américain National World War I Museum 1914-18. Gamelles Mess kit »gravées par des soldats National World War I Museum Coquetier. 1914-18. Gamelle Mess kit » gravéeet couverts en aluminiumColl. National World War I Museum Les bagues Bague en aluminium, artisanat de tranchée. Première Guerre mondiale. Conservée au musée de l'Armée Très populaires dans les tranchées, les bagues de formes très variées, sont certainement les objets les plus fabriqués par les poilus[6]. L’outillage fait défaut dans les tranchées, mais c’est sans compter sur l’ingéniosité et l’inventivité des poilus qui utilisent ce qu’ils ont à porter de main. Pour se faire, ils utilisent l’aluminium des fusées d’obus, matière première qui ne manque pas sur le front. L’aluminium est fondu puis placé dans un moule, créé lui-aussi, pour lui donner la forme souhaitée. Enfin avec l’aide d’un couteau affuté, les soldats travaillent la matière, l’arrondisse, la polisse et surtout la décore[7]. La bague chevalière est la plus courante, parce que plus simple à réaliser. Le plateau de la chevalière y reçoit généralement les initiales du soldat ou des motifs le cœur bien-sûr mais aussi des trèfles et des fers à cheval pour porter chance. Beaucoup de ces bagues étaient envoyées à l’arrière aux femmes et copines des soldats[6] […] le père Blaire reprend sa bague commencée. Il a enfilé la rondelle encore informe d’aluminium dans un bout de bois rond et il la frotte avec la lime.[...] Parfois il s’arrête, se redresse, et regarde la petite chose, tendrement, comme si elle le regardait aussi. - Tu comprends, m’a-t-il dit une fois à propos d’une autre bague, il ne s’agit pas de bien ou pas bien. L’important, c’est que je l’aye faite pour ma femme, tu comprends ? Quand j’étais à rien faire, à avoir la cosse, je regardais [sa] photo et alors je m’y mettais tout facilement, à cette sacrée bague. On peut dire que nous l’avons faite ensemble, tu comprends ? »[8] Alors qu’il ne s’agissait au début que d’un simple passe-temps, la production de bijoux prend une ampleur considérable dans les tranchées. Certains, très habiles de leurs mains, parviennent à vendre certaines de leurs créations à leurs camarades moyennant quelques litres de vins mais aussi aux civils, très friands de cet artisanat[9],[10] Je ne vous avais pas dit que j'étais bijoutier. Je me suis associé avec un vieux territorial du midi et nous faisons des bagues avec l'aluminium des boches. La maison fait des affaires. Depuis que nous sommes remontés des tranchées nous avons fait huit francs de recettes. Le vieux fait le plus gros, moi je les finis. J'en ai envoyé deux à Marthe […]. » 2 juillet 1915[11] L’engouement des bijoux artisanaux est tel que des ateliers dédiés sont créés dans les campements en seconde ligne, les mutilés de guerre dans les centres de rééducations en produisent eux-aussi et certains bijoutiers civils conscients du potentiel et du profit à faire, fabriquent de fausses bagues de tranchées[9]. Les articles d’écriture Plume et encrier, Fort de Lavau. Manche cartouche, lame laiton laminé d’une douille. CartoucheLame gravée Campagnes de 1914-15-16 ». Éléments de munitions cuivre rouge et balles. Éléments de munitions cuivre rouge. Éléments de munitions laiton. Éléments de munitions laiton. Les jouets Les objets de piété Chandeliers d’autel, douilles d’obus et balles. Les souvenirs fabriqués industriellement après la guerre »En souvenir des héros de Verdun ».Cendrier fabriqué industriellement et vendu comme souvenir à Verdun après la Première Guerre mondiale. Cadeaux, troc ou apport de ressources complémentaires 1916. Henri Dangon, affichepour le Salon des armées. Sur le front, ces objets sont souvent troqués contre des cigarettes ou de la nourriture et sont offerts comme souvenirs à la famille et aux amis restés au pays. Chaque foyer de soldat en possède. Des collections d’objets du front se développent. L’hebdomadaire Le Pays de France organise à cette époque un concours du plus bel objet d’artisanat de tranchée intitulé L’art à la guerre et des expositions-ventes présentant les œuvres des soldats sont organisées dès l’automne 1915. Notes et références Notes ↑ Le coquelicot est associé au souvenir des soldats du Commonwealth tombés lors de la Première Guerre mondiale, tout comme le bleuet en France. Cette allégorie du coquelicot a pour origine un poème écrit au printemps 1915 par le lieutenant-colonel John McCrae, médecin du Corps de santé royal canadien, qui fut témoin de la terrible seconde bataille d’Ypres qui s’intitule In Flanders Fields Au champ d'honneur. Les coquelicots fleurissaient en nombre sur les champs de bataille de la Somme et des Flandres. Leur couleur rouge est devenue le symbole du sang versé. ↑ Les Britanniques, les Canadiens et d’autres soldats du Commonwealth appelaient l’Angleterre Blighty » bonne blessure, terme qui désignait également une blessure qui n’était pas mortelle. Blighty » signifiait donc à la fois la patrie » ou le pays » et, pour les soldats en campagne, était une référence d’humour noir à des blessures non mortelles qui leur permettraient de passer du temps loin du front. Le mot lui-même est une version anglicisée du mot hindi pour pays natal » adopté par les troupes britanniques en Inde au XIXe siècle. Références ↑ Chronologie de la Grande Guerre, 1914-1918 », sur le site de l’Assemblée nationale ↑ Loi no 2012-304 du 06/03/12 relative à l'établissement d'un contrôle des armes moderne, simplifié et préventif ↑ Danger collectionner les "douilles" ↑ Yves Desfossés, Alain Jacques et Gilles Prilaux, Archéologie de la Grande Guerre en Champagne-Ardenne et Nord-Pas-de-Calais », sur le site du Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918 consulté le 1er octobre 2012 ↑ Ronaldojof, Artisanat de tranchée et briquets de poilu de la guerre 14-18 », octobre 2012 consulté le 30 mai 2014 ↑ a et b Les bagues de tranchées », sur On ne passe pas consulté le 13 avril 2022 ↑ Bague de Poilu expression de l’art de tranchée », sur La France pittoresque consulté le 13 avril 2022 ↑ Henri BARBUSSE, Le feu, journal d’une escouade, Paris, Editions Gallimard, 31 octobre 2013, 512 p. ISBN 9782070454648 ↑ a et b Claire Le Thomas, L'artisanat de tranchées », sur Histoire par l'image, novembre 2018 consulté le 13 avril 2022 ↑ Mathilde BENOISTEL et Laetitia DESSERRIERES, La guerre des tranchées, Editions Ouest-France, 2014, 127 p. ISBN 978-2-7373-6274-3, page 82 ↑ Le repos du poilus », sur Histoire en question consulté le 13 avril 2022 Bibliographie Mathilde Benoistel et Laeticia Desserrières, La guerre des tranchées, Rennes/Paris, Ouest-France, 2014, 127 p. ISBN 978-2-7373-6274-3 Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18, retrouver la guerre, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des histoires », 2000, 272 p. ISBN 978-2-07-075284-3 Annette Becker, Graffiti et sculptures de soldats, traces de la culture de guerre », in 14 /18 Aujourd’hui-Today-Heute, no 2, 1998, p. 116-127 Dossier L’archéologie et la Grande Guerre ». ISBN 2-911606-21-3 Yves Desfossés, Alain Jacques et Gilles Prilaux, L’archéologie de la Grande Guerre, Rennes/Paris, Ouest-France / Inrap, mai 2008, 127 p. ISBN 978-2-7373-4568-5, BNF 41275673 Nicole Durand, De l’horreur à l’art dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale, Paris, Seuil / Ministère de la Défense, 2006, 160 p. ISBN 978-2-286-02880-0 Pierre Vallaud et Eric Deroo choix iconographique, 14-18, la première Guerre mondiale, Paris, Fayard, 2004, 301 p., 2 vol. ISBN 978-2-213-62038-1 et 978-2-213-62338-2 Patrice Warin photogr. Sandra Gosselin, Artisanat de tranchée de la grande guerre, Louviers, Ysec, 2005, 253 p. ISBN 978-2-84673-061-7 Bertrand Tillier, Déjouer la guerre ? une histoire de l'art des tranchées 1914-1918, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, coll. Cultures visuelles », 2019, 335 p. ISBN 979-10-344-0013-3, BNF 45673673 Voir aussi Articles connexes Première Guerre mondiale Poilu Guerre de tranchées Le canon de 75 mm pendant la Première guerre mondiale Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux Art nouveau Mutilation de morts de guerre japonais par des Américains Liens externes Archéologie de la Grande Guerre > Artisanat de tranchée site officiel du ministère de la culture et de la communication Claire Le Thomas, L'artisanat de tranchée », sur le site de la Réunion des Musées Nationaux. Patrick Gabellari, Souvenirs de la grande guerre ». en Jane A. Kimball, Trench Art of the Great War And Related Souvenirs ». en James Gordon-Cumming, The UK Trench Art Site ». en Steven Booth, Trench Art of World War I »
AllworksSee all; Museums (204,695) Musée Carnavalet, Histoire de Paris (42,887) Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris (42,561) Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris (18,155) Maison de Victor Hugo - Hauteville House (9,938) Musée d’Art moderne de Paris (4,641) Musée de la Libération de Paris - musée du Général Leclerc - musée Jean Moulin
Les cartes postales en disent long sur le quotidien dans les tranchées. © Crédit photo Photo reproduction/Dr Publié le 29/04/2014 à 0h00 Parfois émouvants, souvent étonnants sont les objets fabriqués par les poilus, dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Près de Cognac, Albert Robin les collectionne depuis plus de quarante ans, après avoir commencé à récupérer des briquets de toutes sortes, dont ceux des soldats de 14-18. Bien sûr, ce passionné qui viendra jeudi 1er mai à la salle des fêtes de Pérignac, n’amènera pas toute sa collection qui compte plus de 25 000 objets, documents ou photos. La vie dans les tranchées Présentée ici, ce sera un aperçu de la vie dans les tranchées durant la Première Guerre mondiale ». Plus particulièrement des objets de la vie courante, principalement en laiton, récupérés sur les douilles d’obus, et que les hommes vont marteler et affiner au mieux. Ainsi briquets, couteaux, encriers, bagues, ou porte-plume deviendront le quotidien d’une vie d’enfer. Et les courriers émouvants devraient également apporter une réflexion sur cette période noire qui a débuté il y a bientôt un siècle. À noter que cette exposition se déroule dans le cadre du Salon des collectionneurs et artisans d’art qui a lieu chaque année lors de la brocante du 1er mai à Pérignac. Tél. 06 87 84 60 80.
Pendantla première guerre mondiale (1914-1918), les poilus combattaient mais ils passaient aussi beaucoup de temps dans les tranchées. Les poilus fabriquaient alors, avec des éclats ou avec des obus entiers, des objets de tous les jours : bijoux, vases, briquets Ils pouvaient aussi fabriquer une petite guitare avec un casque.
Accueil Hauts-de-France Lens - Liévin - Hénin Il faut un œil d’expert pour différencier les objets vraiment fabriqués par des soldats dans les tranchées, pendant de brefs moments de repos, et les contrefaçons qui circulent dans le monde des collectionneurs. Une véritable collection sera exposée le week-end prochain, dans le cadre d’un travail sur 14-18. Article réservé aux abonnés Article réservé aux abonnés Pour lire la suite de cet article Abonnez-vous à partir de 1€ à notre offre numérique. Sans engagement de durée. ESSAYER POUR 1€ Vous êtes déjà abonné ou inscrit ? 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Cette Soigneusement reconstitués à partir d'originaux ou de photos, ces drôles d'instruments bricolés, nés de l'horreur de la Première Guerre mondiale, seront à l'honneur lors d'un concert ce vendredi à la Cité de la musique à Paris, dans le cadre des célébrations du centenaire de la Guerre de 14-18. En première ligne, dans les tranchées, il n'y avait évidemment pas de place pour la musique mais seulement pour "une vie d'insomnie, de peur, le brouhaha et les explosions", rappelle à l'AFP le comédien Olivier Hussenet, l'un des chanteurs de ce spectacle. A l'arrière, en revanche, dans les zones de repos organisées à quelques kilomètres des tranchées, les "Poilus" cherchent tous les moyens d'oublier l'angoisse et l'ennui. Quand certains jouent aux cartes, sculptent ou fabriquent des bijoux, les plus mélomanes se fabriquent des instruments avec ce qu'ils ont sous la main pour tenter de divertir leurs camarades d'infortune. "La musique, c'est un objet de résistance incroyable. Pendant toutes les guerres, les musiciens, qu'ils soient professionnels ou amateurs, ont besoin de jouer", rappelle Serge Hureau, directeur du Centre national du patrimoine de la chanson, Le Hall, qui accueillera aussi le concert 22-23 novembre. Parmi ces instruments bricolés, il y a cette petite guitare-mandoline fabriquée à partir d'un casque de poilu endommagé, doté d'un manche sculpté dans une branche et de cordes en fil de fer qu'on accorde en tournant des petites chevilles fabriquées à partir de balles. Il y aussi ce violon conçu à partir d'une vieille gourde en métal avec une boîte de sardines en guise de mentonnière. Des instruments très 'jouables' "Un instrument très connu est le +Poilu+, un violoncelle fabriqué par un soldat nommé Maurice Maréchal, un très bon violoncelliste qui après l'Armistice, a fait une tournée parce que tout le monde voulait voir ce violoncelle des tranchées", ajoute Olivier Hussenet. Cet instrument historique, taillé dans une caisse de munitions, est désormais exposé à la Cité de la musique. C'est une réplique exacte, oeuvre de la violoncelliste Emmanuelle Bertrand, qui sera utilisée lors des concerts parisiens. "Ces instruments sonnent évidemment moins bien que des instruments normalisés mais lors des répétitions, on a été surpris de voir que ça sonnait finalement moins bizarrement que ce qu'on aurait pu croire au début", explique le chanteur. "Ce qui est très étonnant, c'est que ces instruments ont un son bizarre mais on arrive tout à fait à en jouer et même à jouer des arrangement hypersophistiqués", renchérit Serge Hureau, pour qui ces instruments bricolés se rapprochent de ceux qui peuvent être utilisés dans la musique africaine. Lors des concerts, le public pourra aussi entendre des percussions issues d'un "clavier de bouteilles", de gourdes de métal et d'un tambour de l'époque, comme celles utilisées par les soldats-musiciens pour tenter, encore et toujours, de couvrir le fracas de la guerre. Cette musique accompagnera des chansons écrites entre 1913 et 1918, signées à la fois par des artistes professionnels du music-hall, comme Vincent Scotto, mais aussi par des amateurs, des soldats sur le front, qui décrivaient leur haine de l'ennemi et leur angoisse sur des mélodies existantes. Sont ainsi au programme une trentaine de chansons de cent ans d'âge, dont quelques "tubes" de l'époque comme "Quand Madelon...", mis au goût du jour par des arrangements modernes afin, précise Olivier Hussenet, "que des oreilles d'aujourd'hui écoutent sans effort supplémentaire un répertoire quand même assez daté en termes de paroles et de mélodies". AFP Relax News Unede canne de Paul Gauguin. Cette canne se trouve dans les collections du « Metropolitan Museum of Art ». Ce legs d’Adélaïde Milton de Groot en 1967 est enregistré sous le N° 67.187.45a, b. Cette forte canne (4 à 5 cm. d’épaisseur) est monoxyle et L’ARTISANAT DES TRANCHEES EN 1914-1918 Par Toussaint Pirotte Avant-propos. Période de repos Dans la tranchée. Dans la tranchée. Il y a près de trente ans, par le plus grand des hasards, je découvrais chez un brocanteur français une formidable collection de briquets anciens fabriqués par des soldats de toutes les armes et de toutes les nations belligérantes pendant la première guerre mondiale. J’ignorais alors tout de l’artisanat des tranchées mais fus séduit par sa qualité. Je m’offris donc deux exemplaires de briquets décorés chacun de deux médailles. Plus tard, j’allais découvrir en brocante deux remarquables plumiers sculptés, l’un, liégeois, évoquant directement 1914-1918, et l’autre signé en creux du prénom de son créateur, Willy », probablement un soldat allemand. D’autres bonnes fortunes m’ont permis par la suite d’acquérir quelques objets supplémentaires. Mais ce sont surtout les projets d’expositions de la Maison du Souvenir » qui allaient accentuer en moi ce goût naissant pour ce type d’artisanat dans la mesure surtout où il est représentatif des aspirations comme des craintes de ces poilus » et autres pioupious » qui, souffrant le martyre des tranchées, tentaient d’échapper à leur horreur en bricolant » jusque dans leur cagna, en attendant un assaut ou quand la pluie d’obus et de bombes se faisait moins intense. Je me suis alors mis vraiment en recherche active et suis arrivé, en quelques mois, à réunir une assez grande quantité d’objets très variés en vue de les exposer en 2008 à la Maison ». Il est cependant indispensable d’apporter de multiples précisions afin que chaque visiteur puisse, à son tour, découvrir toute la richesse de ces objets et la motivation qui animait leurs habiles créateurs. Telle est la raison, la justification de ces pages. Toussaint PIROTTE Les origines de l’artisanat des tranchées. Il existe, dans nos régions comme ailleurs, de multiples traces historiques de sièges de villes Maastricht, par exemple et même, dans un passé fort ancien parfois, de réquisitions de civils en vue de creuser des tranchées et réaliser des fortifications dans nos campagnes. Cependant, c’est au cours de la première guerre mondiale que le concept même de guerre de position va acquérir sa pleine signification. Or, l’artisanat pratiqué par des militaires en attente de combats a été pratiqué bien avant et notamment au cours de la guerre des Boers, à la fin du XIXe siècle. Toutes les réalisations anciennes, produites par des soldats, sont aujourd’hui regroupées sous la dénomination générique d’artisanat des tranchées ou trench art. Elles comprennent également les œuvres de soldats prisonniers de guerre. Cette activité artisanale a aussi été pratiquée pendant la guerre 1940-1945 sur divers fronts mais aussi pendant la guerre de Corée ou celle du Vietnam. La Maison du Souvenir » expose par ailleurs de nombreuses réalisations de nos prisonniers de guerre de 1940-45 ou encore des prisonniers russes contraints, au cours du second conflit, à travailler dans nos charbonnages. Nous avons cependant limité nos recherches aux seuls objets de 14-18 et au seul front de l’ouest avec une préférence pour les pièces – rares – réalisées à l’Yser. C’est, faut-il le dire, la France et la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure les Etats-Unis, qui recèlent le plus d’exemplaires intéressants. Enfin, il faut souligner que certains types d’objets étaient déjà réalisés au Maroc, dans les années 1910, notamment lors des émeutes de Fez. Au vu de la décoration notamment de nombreux coupe-papier, nous sommes tentés de croire que cette activité a partiellement été importée en Europe par des troupes coloniales mais a connu son plein développement en France et en Belgique dès l’hiver 1914-1915. La forme de la lame de ces coupe-papier est d’inspiration nord-africaine. Mais pourquoi donc cet artisanat ? La réponse, ici, me paraît évidente il s’agissait principalement de s’occuper l’esprit, car si les soldats de l’été 1914 sont souvent partis la fleur au fusil », très vite ce conflit s’est transformé en guerre de position. Il fallait finalement se faire face et creuser des tranchées pour conserver le terrain conquis. Bien sûr – et particulièrement au cours des deux premières années, en France – il y avait de nombreuses attaques meurtrières commandées par des généraux des deux camps peu soucieux des sacrifices humains. Bien sûr, surtout là où les positions étaient renforcées par de sérieuses fortifications Liège, Namur, Anvers, Verdun,…, le front connut d’atroces journées où les obus pleuvaient ! Mais, en dehors de ces périodes, mieux valait de ne pas trop penser au lendemain. Il fallait donc se vider l’esprit en occupant les mains. Il fallait, aussi, préserver son individualité et laisser une trace ! Enfin faut-il dire que l’acte de créer est aussi une manière de lutter contre l’angoisse et la quasi certitude de la mort ! Des troupes remontent aux tranchées après quelques jours de repos à l’arrière. Sans doute de nombreux soldats furent-ils initiés par des artisans marocains ou algériens passés maîtres dans l’art de travailler le cuivre en le martelant et en le ciselant. Mais il faut se souvenir aussi qu’à l’époque il y avait un très grand nombre d’ouvriers et d’artisans. Et même les paysans 40 % des effectifs étaient volontiers bricoleurs ; certains, par exemple, dans nos régions, forgeaient des clous pendant les mois d’hiver. Beaucoup de nos soldats pouvaient ainsi se montrer manuellement fort habiles et c’est la raison pour laquelle il arriva fréquemment que l’artisanat des tranchées atteignit le niveau de l’art. D’autre part, comme nous l’avons dit déjà , chacun avait tendance à affirmer sa personnalité et donc à faire preuve d’originalité d’où une variété toujours plus grande dans la production. Enfin, il faut dire que, pour ceux qui étaient inhabiles, un commerce » parfois intense s’installa et l’on vit se créer, dans les cantonnements, de véritables ateliers où s’activaient de nombreux soldats temporairement désoeuvrés. Les matériaux. Il s’agit pratiquement toujours de matériaux de récupération prélevés sur le champ de bataille. Il y a bien quelques réalisations en bois mais elles sont rares. Dans la plupart des cas, on crée un objet au départ du métal soit des douilles de tous calibres et principalement des douilles d’obus Le chausse-pied du papa Merx fut fait d’une douille. On tente également de récolter de l’aluminium pour la fabrication de bagues et des morceaux de bakélite, une résine synthétique inventée par le chimiste belge, Leo Baekeland Gand, 1863 – Beacon, Etat de New-York, 1944, naturalisé américain, une invention qui allait lui valoir une fortune considérable. Les formes de l’artisanat. Il en est de très simples, évidentes, comme ces vases faits d’une douille d’obus parfois à peine décorée. Ce sont les pièces les plus nombreuses et donc les plus faciles à trouver. Le problème, c’est que ces pièces, lourdes et le plus souvent à l’étranger, entraînent des frais d’expédition … qui peuvent atteindre voire dépasser le coût de l’objet lui-même ! Une exceptionnelle collection anglaise de vases et autres objets réalisés au départ de douilles d’obus. Certaines de ces réalisations portent le nom de l’endroit du front où elles ont été produites pour la Belgique, le plus fréquemment Yser, Dixmude ou Ypres. Certaines douilles sont seulement légèrement ciselées ou découpées dans le haut mais il arrive aussi que la décoration s’inspire fortement de l’art nouveau et donne alors de très belles œuvres. Douille assez simplement décorée, avec évocation non précise du lieu. L’insigne de régiment soudé à la base évoque l’artillerie. Ce sont en effet surtout des artilleurs qui ont fabriqué ces vases que seuls – ou presque – ils pouvaient transporter sans problème grâce à leur charroi. Ici, une forte influence de l’art déco, les motifs décoratifs étant le plus souvent des fleurs ou des oiseaux. De même. Deux petites douilles. La première porte également un insigne de régiment et a un bord légèrement travaillé ; la seconde porte quatre frises. Les mêmes douilles peuvent être assez simplement transformées en objets utilitaires comme ce pot à tabac[1] exposition. Mais, le plus souvent, on décore la réalisation en soudant par exemple le blason de la ville la plus proche. Ici, Verdun. Mais la recherche de l’utilitaire peut s’avérer beaucoup plus pointue » comme ce moulin à poivre ou à café Moins utilitaire certes – sauf au mess des officiers ! – ce gong D’autres types d’obus sont transformés aisément en cendriers A la fois cendrier et bougeoir Fumer, on l’a compris, était l’un des principaux passe-temps » des poilus. Et là , dans la fabrication de briquets, la créativité va s’en donner à cœur joie Briquet de table réalisé au départ d’un petit obus 7,5 cm de haut et 2,3 cm de diamètre Très beaux exemplaires de briquets en forme de livre. Un artisanat fort recherché par les collectionneurs. D’autres briquets. Mais, la vie dans l’humidité des tranchées rend la conservation et l’usage des allumettes hypothétique. On fabrique donc des étuis notamment décorés d’un trophée ici, une boucle de ceinturon allemand portant le Gott mit uns ». La tabatière a aussi son succès de même que la boîte pour tabac à priser. L’objet suivant ne relève pas à proprement parler de l’artisanat des tranchées. Il s’agit en fait d’une tabatière qui, garnie de bonbons, a été offerte par la reine Mary à tous les soldats anglais du front de l’ouest et de Russie. Cette boîte abritait soit le tabac, soit l’argent, soit encore des lettres reçues. Toujours dans le cadre des objets utilitaires, on crée, par exemple, cette palette pour la farine, le café, le thé,… Purement décoratif, en revanche, ce faux réveil Autre domaine où l’artisan va faire preuve d’une créativité exceptionnelle c’est ce qui tourne autour de l’expédition et de la réception de lettres. Ainsi de ces encriers parfois d’une facture exceptionnelle Encrier réalisé par des artilleurs français. La partie frontale est décorée d’un insigne de casque Adrian de l’artillerie. Elle compte trois supports pour porte-plume et coupe-papier. Plus beau encore et nettement plus rare, cet encrier double deux pointes de fusée avec un plateau gravé Yser 1918 » ainsi que deux poignées faites chacune de deux balles soudées par le culot et un cadre abritant soit une photo soit, comme ici, une carte postale évocatrice de pays alliés. Les porte-plume et porte-crayon ont aussi la faveur des poilus. Ils sont généralement réalisés au départ de deux cartouches de Mauser ou de Lebel. Le porte-plume du dessus comporte deux douilles soudées avec une plume d’un côté et, de l’autre une feuille de cuivre évoquant une petite plume d’oie, gravée Souvenir 1914-15-16-17 ». Le second, réalisé à peu près de la même manière comporte deux cartouches dont les balles, dégagées de leur douille et retournées, présentent d’un côté un crayon, et de l’autre une plume très fine. Mais ce sont les coupe-papier qu’aujourd’hui encore on trouve le plus facilement D’inspiration parfois nettement nord-africaine, on constatera que beaucoup de ces coupe-papier adoptent la forme du yatagan comme il arrive assez communément que la poignée se termine par un croissant. Toutes ces réalisations se font au départ de ceintures d’obus. Après leur sortie de l’âme du canon, ces ceintures présentent des rayures profondes dont l’écartement varie en fonction du calibre. Récoltées sur le champ de bataille, il faudra d’abord et à grand-peine les dégager du logement dans lequel elles sont enchâssées. Ce sera alors par martelage d’une partie que l’on obtiendra la lame, ces opérations se réalisant le plus souvent sur le culot de l’obus servant alors d’enclume. D’autres réalisations, plus rares, présentent une lame découpée dans le corps d’une douille, façonnée et insérée dans une balle ou dans un manche en bois. La première de ces lames évoque un kriss. On y a soudé un insigne de régiment anglais Northumberland fusiliers. La seconde, absolument remarquable, gravée Ypres » est insérée dans une cartouche elle-même complétée par de plus petits projectiles et un insigne de régiment. Autre lame montée sur une cartouche de Mauser. Il arrive aussi qu’un artisan ramasse un morceau de shrapnel et y monte l’une de ces terribles flèches que les avions allemands lançaient au-dessus des fantassins et qui causaient de nombreux morts. Tout ce matériel lié à la correspondance est complété par des plumiers le plus souvent réalisés en bois. Le premier que nous présentons est gravé. Souvenir 1914 » et porte les initiales C et W. Sur l’un des longs flancs, on distingue Liège. 1915 et 1916 » La seconde pièce de ce genre est superbement gravée et porte, à l’intérieur du couvercle. Le prénom Willy ». Probablement ici, une réalisation allemande. Le poilu, dans sa tranchée, pense bien évidemment à sa famille. Il réalise alors des jouets, toujours au départ de matériaux récupérés. Ici, un superbe biplan. Le fuselage est fait d’une grosse cartouche .303. Les roues sont également des bases de .303. Un autre magnifique exemplaire. L’un des premiers tanks. Ces pièces fabriquées en bois ou en métal abritent souvent une … tirelire. Tank-encrier. Il arrive aussi à nos soldats de manifester, à travers leurs réalisations, tout le spleen » qui les gagne, éloignés de leurs jeunes enfants. Ainsi de ce berceau tout en laiton. L’épouse, la fiancée ne sont évidemment pas oubliées. Bracelet réalisé par un Tommie avec dix pièces de 3 pences. Bracelet en argent décoré de quatre pièces d’un demi-mark en argent également. Mouchoir brodé. Mais est-ce un poilu qui s’est fait petite main ou bien la réalisation vient-elle de l’arrière. Nous ne le saurons sans doute jamais mais ce qui est certain, c’est que l’engouement pour ces souvenirs a aussi mobilisé » des commerçants en définitive fort peu scrupuleux ! Magnifique bracelet réalisé avec la base d’un obus et bagues d’aluminium rehaussées de décors variés. Trois de ces bagues avec, de gauche à droite, en décor, une croix de Lorraine, une couronne anglaise et une croix de guerre. Pour la réalisation de bagues, il faut se mettre à la recherche de pièces d’aluminium, les fondre puis couler le métal en tube creux dans un moule de tôle ou de terre, ensuite scier le tube en rondelles, les amincir avec une mauvaise lime puis ciseler avec adresse et patience les initiales de l’aimée ou encore ajuster au chaton un décor qui sera par exemple, suivant le camp, une croix de Lorraine ou la croix allemande. L’idée première ayant conduit à la réalisation des bagues vient d’une constatation le canal de mise à feu des obus a, à peu près le diamètre d’un doigt, notamment la fusée allemande de 77 qui se rapproche le plus des dimensions d’un doigt de femme. Mais l’esprit d’observation du poilu va bientôt le conduire au coulage … en se servant du fourreau de la baïonnette du fusil Lebel. Sa forme conique permet d’obtenir toute une série de gabarits. On utilise aussi un vieux tube de bicyclette en y introduisant, comme noyau, un morceau de bois parfaitement cylindrique. Pour la fusion du métal, on utilise généralement une cervelière », sorte de calotte d’acier que les soldats portaient sous le képi avant l’introduction du casque Adrian. Afin d’obtenir un métal dépouillé de scories, on pratique la technique industrielle du perchage » qui consiste à mélanger longuement au moyen d’une branche de bois vert. Démoulé, le métal est alors découpé en rondelles plus ou moins épaisses et le travail de polissage peut commencer. Il restera alors à graver des initiales sur le chaton ou encore, fort souvent d’y souder un petit emblème probablement réalisé en séries par des boutiques » spécialisées. Le bijou terminé sera passé à la toile émeri au grain de plus en plus fin. Il ne restera plus qu’à polir énergiquement avec un morceau de bois tendre ou … sur le cuir du ceinturon. Parfois, on installe le petit atelier dans les ruines d’une maison bombardée. Il s’était ainsi créé de véritables ateliers de fabrication où toutes les compétences rencontrées à proximité s’étaient réunies, associées. Chacun exécutait alors une partie du travail fondeur, mouleur, scieur, découpeur, ébaucheur, finisseur, ciseleur et graveur. Et c’était dans ces boutiques que se rendaient ceux dont les doigts s’avéraient trop malhabiles. Il ne fait aucun doute que l’artisanat des tranchées a débouché sur un véritable commerce. Le poilu réalise également de nombreux cadres, tantôt en bois, tantôt en métal. Ici, un cadre métallique pour une peinture évoquant l’aide notamment alimentaire apportée par les Etats-Unis. Plusieurs bateaux comme celui-ci HMS Empress of Britain » furent convertis en transports de troupes dès mars 1915. Encore une belle réalisation. Enfin, les sentiments souvent profondément religieux amènent nos artisans à réaliser des crucifix Crucifix. Signalons enfin que ce qui précède ne constitue qu’un éventail d’objets, les montrant dans toute leur variété. Boîte à gants ou à mouchoirs en métal argenté repoussé sur cinq faces. Coquetier réalisé au départ d’une pointe de fusée. Cinq godets à Schnaps. La plus belle et la plus rare des pièces présentées à la Maison du Souvenir » un taxi de la Marne réalisé principalement avec des tabatières ciselées trente centimètres de long. Le capot se soulève pour offrir un espace de rangement et le toit s’ouvre sur cinq logettes destinées à recevoir soit des bijoux, soit des fards. Un véritable travail d’orfèvre ! Un taxi de la Marne ». [1] Les poilus, souvent grands fumeurs, éprouvaient évidemment le besoin de mettre leur tabac à l’abri de l’humidité. iXmC. 36 14 290 76 280 171 305 181 249